L’écoute dans tous ses états
Dans un monde où la priorité est de communiquer et d’occuper l’espace, l’écoute semble être le parent pauvre en matière de communication. Il est vrai que les enjeux de performance et de rapidité ne laissent pas beaucoup de place pour faire autrement.
Effectivement, nous avons tous en tête des situations où nous n’avons pas été écouté. Cela génère des émotions désagréables et des risques de malentendus, voir de conflits. Cependant, ne confondons pas ces situations avec ne pas obtenir gain de cause.
Alors, comment créer les conditions d’une écoute véritable et pour quoi faire ? Est-ce une question de technique ou de posture ? Quelle est ma juste place dans tout cela ?
Qu’est-ce qu’écouter ?
Ecouter, je dirais que c’est déjà la fermer et laisser l’autre parler ! C’est un peu trivial mais c’est un très bon début. Je peux aussi laisser la place au silence pour permettre à l’autre de continuer à développer sa pensée et lui laisser aller au bout de sa réflexion.
D’un autre côté, si j’évite uniquement de lui couper la parole, est ce que j’écoute véritablement ? En effet, se taire intérieurement, c’est encore mieux. J’évite de penser à ce que je vais répondre : par exemple, dire que je ne suis pas d’accord, montrer que j’en sais plus ou mieux, trouver une solution, etc. Je reste ainsi concentré sur ce qui est dit.
Si je me tais, je laisse donc la place à l’autre et je suis pleinement connecté à lui, déjà dans mes intentions. Je le laisse développer son sujet et je reste attentif à ce qui se passe, tout en développant mes capacités de concentration et d’observation.
Quelques astuces pour bien écouter
Vous pouvez encore augmenter votre niveau d’écoute avec quelques astuces très précieuses. Tout d’abord, soyez attentifs aux tous premiers mots employés et les noter. En effet, votre interlocuteur évoque souvent des points très importants et aussi sa situation émotionnelle.
Ensuite, notez les signes non verbaux, c’est une première partie de ce qui n’est pas dit. Ton de la voix, signes du visages et posture corporelle générale, sont des atouts précieux pour mieux comprendre. Et du coup, soyez attentifs aussi aux vôtres pour modéliser la qualité du lien que vous avez avec votre interlocuteur.
Après, essayez de faire des hypothèses sur l’intention de la personne. Si elle vous dit « j’ai tout essayé », est-ce qu’elle a véritablement tout essayé, est-ce qu’elle veut dire qu’elle ne veut plus s’en occuper, qu’elle n’a plus d’idée, qu’elle vous demande de prendre le relais ?
Enfin, gardez une posture d’ouverture, en laissant diffuser en vous ce qui est dit. En quoi cela me dérange t-il éventuellement, en quoi c’est important pour l’autre, comment je peux bouger ma représentation du sujet partagé ?
Ecouter pour mieux échanger
Nous avons vu que bien écouter c’est déjà accueillir l’autre, lui laisser la place et lui permettre de se sentir important, compétent et apprécié. Pour aller encore plus loin dans la qualité de la relation et la richesse de l’échange, travaillez aussi la qualité de vos prises de paroles.
Tout d’abord, ne vous laissez pas noyer sous un flot d’informations. Vous risquez de perdre le fil et donc le lien. Vous pouvez tenter une reformulation, et l’autre vous écoute sans rien dire. Posez une question pour éclaircir le propos et traquer les malentendus. Restituez une émotion observée chez lui ou ressentie chez vous pour lui faire prendre du recul. Faites lui un feedback pour l’encourager. Et suspendez votre jugement, il n’est jamais bien loin.
Ainsi, vous aidez votre interlocuteur. Il peut souffler, affiner ce qu’il a dit, aller plus loin dans sa réflexion, avancer face à son sujet. Vous développez aussi vos compétences d’accompagnateur et apprenez beaucoup. C’est cadeau ! Ensemble, vous développez votre confiance mutuelle et une communication beaucoup plus saine et efficace, en ouvrant un champ infini des possibles, loin de vos premières idées ou réactions.